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Une envie de livres ?

12/08/2009

Bonnes vacances!


C'est l'été !

Comment, je viens de le découvrir ? Ah oui, un petit peu. J'aurais dû dire "Ce sont les vacances! (pour moi)", parce que je confonds un peu vacances et été. Tant que je ne suis pas en vacances, l'été me laisse indifférente. Ou alors me fait râler, parce que j'ai beaucoup trop chaud à vélo, sac à ordinateur sur le dos...

Enfin, indifférente, j'exagère. Bref. Si un jour j'ai une maison à la campagne, où me réfugier l'été, j'en profiterai peut-être pour de grandes tablées familiales, chargées de victuailles. En attendant, je vous souhaite bonnes vacances - quinze pauvres jours pour moi seulement, oh oui, je sais, vous ne m'avez pas attendue pour partir, ingrats! en vous laissant quelques sites alléchants et pas idiots :

- Boire et manger, quelle histoire !
Qui fait très envie... Beau, bon, intelligent, un régal !

- La page Actuhistoire consacrée à une recension de sites sur l'histoire de la nourriture (je suis allée sur oldcook, cet automne je me mets à la cuisine médiévale, il me faut donc du verjus!)


Estampe, Frontispice gravé du livre de La Varenne. Le Cuisinier François, enseignant la manière de bien apprester et assaisonner toutes sortes de viande grasses et maigres, légumes, pâtisseries et autres mets qui se servent tant sur les tables des grands que des particuliers avec une instruction pour faire des confitures, (La Haye), Adriaen Vlacy, 1664, 1 vol. in-12. (C) RMN / René-Gabriel Ojéda, 1664, Chantilly, musée Condé.
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La racaille du XVIIe siècle

Rembrandt, La leçon d'anatomie, 1632, Huile sur toile, 169 x 216, Het Mauritshuis.

En ce début de février 1630, le procureur du roi a un petit souci. Il lui faut prendre une décision, et ce n'est pas, croyez-moi, chose facile. L'affaire est fâcheuse, réellement fâcheuse. Cela dure depuis longtemps, des décennies même. Régulièrement il faut sévir. Mais avec les dernières règlementations exigeant des candidats chirurgiens une connaissance précise des corps, il fallait s'attendre à ce que les problèmes amplifient!

La peste soit de ces écoliers en médecine! Il faut déjà compter avec les désordres ordinaires que créent les mendiants, les vagabonds, la valetaille - ah ces petits valets, ces pages insolents, qui se gaussent des bourgeoises en allant leur chercher niches sous leurs jupons! Vermine!

Mais là, c'en est trop, ces gredins viennent maintenant en aide aux apprentis médecins, et pourquoi, me direz-vous? L'affaire est très simple: les étudiants en médecine, et particulièrement les compagnons apprentis chirurgiens s'emparent avec l'aide de laquais et autres gueux, des corps des condamnés, nuitamment, alors que ceux-ci ont à peine rendu leur dernier souffle. Les pages et laquais qui rendent ces coups de main sont rémunérés et s'évanouissent dans la nature jusqu'au prochain coup. Les corps, quant à eux, sont ramenés au logis de nos étudiants, voire vendus aux chirurgiens eux-mêmes, désireux de s'exercer pour garder la main, et disséqués en toute tranquilité, au mépris des lettres patentes du roi, et autres arrêts de la cour. La peste de ces étudiants! La peste!





Du vendredi 1er février 1630.

Sur la plainte faite à la Cour par le procureur général du roy, les voyes de fait, meurtres et violences qui se commettent par les escoliers etudiant en médecine et compaignons chirurgiens qui pour avoir les corps de ceux qui sont executez, attirent des vagabonds, pages et laquais, et les emportent par force, violant l'authorité du roy et le respect deub à la Justice, la matière mise en délibération et tout considéré

La Cour conformément à l'arrest donné en l'an 1615 a faict et faict inhibitions et deffences au lieutenant criminel de robe courte prevost de L'Isle et tous autres juges, mesme à l'executeur de la haute Justice et ses valets de deslivrer aucun corps mort aux barbiers et chirurgiens pour faire anatomies et dissections, sinon que la requeste soit signée du doyen de la faculté de medecine et scellé du sceau de lad. faculté, et toutes personnes mesmes aux escoliers estudians en medecine et aspirant à la maitrise de chirurgiens, d'aller en troupe pour les enlever, sur les peines portées par les arrests, mesme lesd. escoliers et aspirans privez de pouvoir parvenir à lad. maitrise, et a tous les chirurgiens de les y recevoir et d'assister à la dissection desd. corps enlevez par force, à peine des privation de leurs offices, Maistrises, et enjoint aux chirurgiens jurez de faire fermer les Boutiques de ceux qui contreviendront au present arrest, à peine d'en respondre en leurs propres et privez noms, et qu'à la requeste du procureur général il sera informé de la contravention au présent arrest qui sera leu publié et affiché a ce qu'on n'en prétende cause d'ignorance.


BnF, NAF 9804, fol. 88


À propos de la leçon d'anatomie de Rembrandt, j'ai trouvé par hasard cet article, assez fabuleux à première lecture... (site du journal français de l'orthopédie)
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Un petit air d'élégance surannée ?

Je suis tombée il y a quelques jours sur cette lettre d'un seigneur du début du XVIIe siècle, un seigneur fort important, puisqu'il s'agit du duc d'Épernon, ancien fidèle d'Henri III - un de ses "mignons" dont le sens a été expliqué par Nicolas Le Roux et ne renvoit en aucune façon à une quelconque homosexualité, voir N. Le Roux, La faveur du roi, mignons et courtisans au temps des derniers Valois, (site Champ Vallon) Paris, Champ Vallon, 2001 - avant de devenir après la fin des guerres civiles, un fidèle de Marie de Médicis.Regardez comme il est fier notre Épernon, ici... Peinture à l'huile, anonyme, 17e s., Musée de Versailles, 32 x 22 cm.

J'ai cédé à la tentation et relevé ce texte, alors qu'il ne concerne pas mon sujet d'étude, simplement à cause de la beauté de cette langue du début du XVIIe siècle et aussi parce que c'est un très bel exemple des relations de "clientélisme" qui liaient entre elles les élites de ce temps.
Pour faire court, ce terme désigne une pratique existant déjà dans la Rome antique républicaine, qui consiste dans la protection et l'aide qu'accorde un puissant et fortuné personnage à de nombreuses "clients" en réalité, des personnages moins haut placés, moins riches. Celles-ci peuvent espérer une carrière avantageuse et une fortune qui élevera leur famille ou la maintiendra au moins. En retour, le puissant personnage dispose de relais et d'appuis dans divers métiers, diverses provinces, ce qui lui permet de posséder un pouvoir sur des portions plus ou moins importantes du royaume, pour prendre le cas français. Ici le duc d'Épernon s'adresse au duc de Montmorency, un des chefs de file du parti des "modérés" ou Politiques, favorables, pour aller, vite, pendant les guerres de religion à un rapprochement entre catholiques et protestants. Notons que le sens du terme "clientélisme" est aujourd'hui beaucoup plus négatif.

J'ai travaillé dans le passé sur ce genre de lettre, je raffole toujours autant des correspondances, et je vous livre ce petit bonheur en toutes lettres...

"Monsieur,

Je ne veux point faire ce tort à mon devoir ni à mon affection que d'en laisser aller le présent porteur sans l'accompagner de celle-ci [cette lettre], qui sera non pour faire récit de ce qui se passe en cette armée d'autant que je me remets à la suffisance du porteur qui en est amplement informé pour vous en dire toutes nouvelles; mais plutôt pour me remémorer en l'honneur de vos bonnes grâces, auxquelles je vous supplie, Monsieur, de me conserver toujours et autant que je désire m'en rendre digne par toutes sortes de services dont je me pourrai adviser. J'espère de n'être si longtemps par deçà que je n'aie ce bien de vous voir dans peu de jours, qui me gardera de vous ennuyer de plus longue lettre. Demeurant jusqu'à ma fin, après vous avoir bien humblement baisé les mains, Monsieur, votre plus obéissant etc."
Lettre d'Épernon au duc de Montmorency, du 20 mars 1597.
À Montdidier.
BnF, Mss. Fr. 20505. fol 42.

Version originale :
Monsieur, Je ne veulx point faire ce tort va mon debvoir ny a mon affection que d'en laisser aller le present porteur sans l'accompaigner de cestecy, qui sera non pour faire aulcung recit de ce qui se passe en ceste armée d'aultant que je me remetz a la suffisance de ced. porteur qui en est amplement informé pour vous en dire toutes nouvelles. Mais plustot pour me rememorer en l'honneur de vos bonnes graces, ausquelles je vous supplye Monsieur de me conserver tousjours et aultant que je desire m'en rendre digne par toutes sortes de services dont je me pourrai adviser. J'espère de n'estre si longtemps par deça que je n'aye ce bien de vous voir dans peu de jours qui me gardera de vous ennuyer de plus longue lettre demeurant jusqu'à ma fin, apres vous avoir bien humblement baisé les mains, Monsieur, votre plus obeissant etc.
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