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Une envie de livres ?

23/04/2010

Escalier de la BnF : F. Mitterrand demande un contre-projet


J'ai vu il y a quelques jours un article du Monde en date du 6 mars 2010 qui annonçait que le ministre de la culture devait rendre son avis quant à la destruction de l'escalier d'honneur de la BnF, (que l'on doit à Jean-Louis Pascal) le 17 avril. Hier, un article du Figaro (22 avril 2010) annonçait que F. Mitterrand demandait un contre-projet, à fournir d'ici à novembre 2010. Le sort de l'escalier n'est donc pas scellé, et c'est très très bonne nouvelle ! Je vais entamer immédiatement une gigue, et je n'exclue pas de la danser avec pour seule parure une ceinture de bananes ! Il faut savoir marier les genres !

Cette suspension de la destruction prévue, est une nécessité pour respecter l'oeuvre de Jean-Louis Pascal. J'ai été très heureuse d'apprendre que Jean-Pierre Babelon notamment s'est élevé contre ce projet. Mais c'est peut-être aussi une simple mesure d'équité face aux citoyens qui, habitant des immeubles classés (ce qui arrive facilement à Paris, et ne rend pas plus riche :-/ ), ne peuvent pas installer de volets, ou doivent batailler pour changer leurs fenêtres et trouver des modèles agréés par les Monuments historiques. Le respect de l'oeuvre de J.-P. Pascal prime naturellement. Mais il serait bon de ne pas oublier ou négliger le principe d'égalité entre citoyens face à la loi...

Sur ce rayon de soleil, je vous souhaite une bonne journée... (de travail)
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18/04/2010

Éducation (encore)


Un rapide billet pour parler éducation. Vouaip, encore! Mais on ne peut pas enseigner sans aborder le sujet, et thésarde ou pas, j'enseigne. À ce propos, si vous ne l'avez pas encore lu, voici un billet de Princesse Soso sur le sujet : "si jamais Luc C. passe par ici". Il était signalé sur le blog de La cité des Dames, par Artemise, avec injonction de le lire et de le diffuser. Je ne me fais pas prier parce que, même si on n'aime pas ou peu le style de Princesse Soso, que l'on comprenne ou pas qu'elle utilise (beaucoup) le second degré (moi, ça ne me dérange pas, je vois un peu ce qu'elle vit, et ça explique la chose), c'est un résumé très sensé. Largement plus que ces assises de la violence sans y avoir invité de prof de ZEP...

À ce sujet, l'émission Interception du jour, sur France Inter, démontre l'implication de certains tribunaux pour faire comprendre aux parents d'enfants sur le chemin de la délinquance le rôle des parents, et les principes d'éducation. À écouter donc.

Le constat est banal : de plus en plus de parents ont du mal à assumer leur rôle face à des enfants au mieux turbulents, au pire incontrôlables, violents, voire en voie de délinquance.

Pour aider ces parents avant que tombe une éventuelle sanction pénale, une loi de mars 2007 permet aux tribunaux d’organiser des stages.

« Stages parentaux » menés par des magistrats, des psychologues, des éducateurs sociaux. Il ne s’agit pas de ramener les enfants dans le droit chemin, il s’agit d’ouvrir les yeux aux parents désemparés ou tout simplement inconscients de leurs devoirs.

Ces stages ne sont pas organisés sur la base du volontariat : les parents convoqués par la justice, et qui s’y soustraient, sont passibles des condamnations classiques pour les délits commis par leur progéniture.

Le tribunal de Reims est l’un des rares en France à appliquer cette formule. Monique Derrien a suivi de bout en bout l’un de ces stages.

Elle a recueilli le désarroi, la colère aussi de parents sans repères, souvent en grande difficulté sociale, que l’on tente d’aider, parfois malgré eux.


Dommage que les enseignants ne soient pas présents à ces séances, car c'est un travail d'équipe et une explication sur les rôles de chacun. C'est fou comme la responsabilité de l'école revient dans la bouche de ces malheureux parents. Ça me rappelle des choses, ça.

Et contrairement à ce qui est dit dans le cours de l'émission par un... éducateur ? Psychologue ? Il y a une règle magique dans l'éducation, à condition de la respecter: "Face à un enfant, ne dis que ce que tu es prêt à faire et fais tout ce que tu dis". Que l'enfant croit la parole de l'adulte et que l'adulte se fasse respecter sans violence. Merci Pierre de m'avoir donné, un jour, cette règle...

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17/04/2010

Causons musique (1)





Écoutez ! C'est l'Arpeggiata....

Depuis quelque temps, je voulais changer le programme musical. Vous faire écouter des choses un peu plus récentes, comme Lhasa. Voui mais c'était sans compter avec la limitation de l'écoute imposée par certaines maisons de disques, la Warner et EMI. Pas drôle. Du coup, je me suis rabattue sur un excellent disque, et un aussi excellent ensemble, l'Arpeggiata (j'ai du mal à l'écrire mais je les écoute avec un régal sans nom)... Pour en savoir plus sur eux, c'est ici que ça se passe, quant à ce disque-là, il est question d'araignée, de tarantule plus exactement, de malades piqués par ces p'tites bêtes, et de la culture développée en Italie autour de ce thème... Un régal, je vous dis.

Leur disque autour de la musique de l'époque de Stefano Landi est également à connaître, c'est simple, ça me fait chanter quand tout va mal. Quand j'étais étudiante je mettais ça à fond les soirs de blues estudiantin (mes voisins étaient étudiants et eux, ça n'était pas leur genre de musique, c'était pour leur culture, donc). Et paf! ça repartait...
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16/04/2010

Le minutier central ou une souris perdue dans des écritures de chats...


étape 1 : Prenez une souris. Non pas par la queue, un peu de respect, s'il vous plaît! Gentiment, doucement. C'est très doux le poil d'une souris, j'ai vérifié récemment avec celles rapportées par mon chat.

- étape 2 : Lâchez-la dans... voyons... un tas d'archives, à peine rangées en cartons. Quand je dis un tas, c'est un gros tas. Qui va chercher dans les 100 à 200 000 cartons. Pas de fromage à grignoter, mais largement mieux, des tas de vieux papiers. Laissez-la quelques années, le temps d'une thèse.

- étape 3 : au bout de tout ce temps, récupérez-la et en la regardant bien droit dans les yeux, demandez-lui des nouvelles de sa santé.

J'ai fait l'expérience, et ce n'est pas beau à voir. Ce n'est pas qu'elle est morte de faim, la souris, c'est qu'elle n'a plus su où donner de la dent. Trop de cartons. Plus moyen de se rappeler où elle avait grignoté. Ça se brouillait un peu dans son cerveau.

Comme dans le mien (de cerveau). Étant donné le temps passé dans les archives des notaires parisiens, j'ai l'impression, non de me transformer en souris, ça c'est déjà fait, mais de ne plus savoir où donner de la dent. Ce fonds des archives nationales porte le nom de "Minutier central". Pour en savoir un peu plus, c'est ici que ça se passe (cliquez). Vous allez voir, c'est très simple (groumph ya arnaque, accrochez-vous).
Imaginons que l'on travaille sur... les boulangers au XVIIe siècle. Le commerce du pain enrichit-il ? Comment s'approvisionnent-ils, à qui et comment vendent-ils ? Quels pains vendent-ils ?

- D'abord on peut commencer par repérer le secteur géographique qui nous intéresse dans Paris, avec la carte des études notariales (salle des références des Archives nationales, premier étage).

- Ensuite, on cherche les notaires dont l'étude se trouvait dans le coin. Avec un peu de chance, les boulangers sont allés à l'étude du coin de la rue.

- Là, on grimpe au troisième étage, salle des microfilms, chercher des détails sur les différentes études, dans les classeurs marrons, on relève la liste des notaires en exercice pour la période étudiée, leurs années d'activité, leur nombre de registres versés aux archives.

- En fin de classeur on va voir si ces gentils notaires ont laissé des répertoires, sortes de tables des matières des actes passés, noms des clients, type d'acte, année, mois, folio...
Les aléas du temps et peut-être la négligence desdits notaires font que l'on n'a pas toujours de répertoire. Alors, c'est la misère. Il faut se faire les cartons dans leur intégralité. Et ça n'est pas très très drôle. Ça peut l'être quand on a son temps, ce qui n'est pas le cas pour une thèse par exemple. Ça ne l'est pas quand les archives notariales ne sont qu'un petit bout de votre documentation.

- Si répertoire il y a, direction les tiroirs à microfilms. Avant il fallait les commander, maintenant, plus besoin d'intermédiaires, on ne s'en plaidra pas. Puis direction le lecteur de microfilm. Là, on fait défiler la bobine. On note les actes relatifs à nos boulangers. Là, c'est fait ! (nota, ne pas s'appesantir sur le bitoniau du lecteur, le défilement rapide a vite fait de s'enclancher, et là c'est encore la misère pour retrouver à quel page vous en étiez... Si vous entendez un brusque emballement de bobine, suivi de jurons de charretier lancés par un lecteur, c'est ce qui vient de se passer)

- Avant de quitter la salle, on repasse auprès des classeurs noter à quel numéro de carton correspond quelle année.

- Puis on passe commande des registres et cartons repérés. Ouf!

- Là, vous avez droit à une pause (au rez-de-chaussée). En même temps, vous n'aurez pas votre commande avant une heure et demie. Et ça ferme à 16h30, alors, autant se lever de bonne heure. Adieu les bains moussants du matin, théière à la main...

- Au bout de l'heure et demie, vous avez votre premier registre, au premier étage... C'est là qu'il faut prier tous les saints du paradis, saint Honoré en tête, pour la circonstance, parce que ça va être un quart d'heure drôlatique, de s'habituer à l'écriture du notaire, qui pouvait être dans une phase "écriture de chat"...

-Répetez l'opération autant de fois que nécessaire pour épuiser votre sujet, et quand vous aurez tellement de feuilles de relevé que ça volera de partout, vous me comprendrez...

À tel point que de tableaux en fiches, et de fiches en tableaux, de feuilles imprimées en notes manuscrites au crayon s'il vous plaît (qui tendent donc à s'effacer à force d'être manipulées) notes nerveuses et exitées, notes serrées ou exaltées, on ne sait plus toujours ce que l'on a dépouillé. Être ordonnée ou ne pas être (historienne), telle est la question.

Quelquefois une cote parasite vient semer la pagaille. Du genre, la référence d'un carton 281 pour l'étude LXI qui est censé traiter d'après vos notes, l'année 1634. Voui mais non. Ça ne colle pas, le carton 281 traite de l'année 1701. Il y a maldonne, vous en conviendrez avec moi.

Mais le Dieu des souris ayant créé l'archiviste, qui a créé la base de données au service du minutier, un rayon de lumière jaillira dans un coin de votre cerveau, et après quelques recherches dans la base joliment baptisée "étamin" (comme étamine) en croisant l'année de votre acte recherché (1634) et le numéro du carton, vous apprendrez tout penaud, que l'étude qui vous intéresse, ce n'est pas la LXI, triple buse que vous êtes, mais la LXII. Et voilà le travail.

Il y a des jours où je bénis les achivistes. Pas tous les jours ni tous les archivistes, mais quelquefois et quelques-uns.
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