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Une envie de livres ?

28/06/2010

Tramstoria


Un site découvert aujourd'hui, à partager, à utiliser. Encore peu fourni, mais prometteur, voici une brève présentation (empruntée sur leur page d'accueil):

Tramstoria, le tramway de l'histoire, est une association qui, comme son nom le laisse entendre, est dédiée à l'histoire.

Elle a été créée à Avignon à la fin de l'année 2008, par un groupe d'historiens et de passionnés d'histoire.

Son objectif est d’aller à la rencontre de la culture historique et patrimoniale, de la promouvoir et de la diffuser par le biais de la recherche scientifique, de la vulgarisation historique et de la quête des empreintes du passé dans les mémoires.

A cette fin, l'association a développé des activités destinées à un vaste panel de personnes, tant en termes d'âges que de niveaux de compétences, autour des axes suivants:
- organisation de manifestations visant la sensibilisation à la culture historique et patrimoniale;
- mise en oeuvre d'ateliers autour des matériaux de l'histoire;
- accompagnement personnalisé pour tout travail de recherche et de rédaction à caractère historique;
- diffusion de travaux de recherche et d'ouvrages historiques.
A terme, l'association ambitionne de devenir un centre de ressources pour les historiens et tous les amateurs d'histoire.


Site à retrouver ici : http://www.tramstoria.com/
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21/06/2010

Et un diaporama bibliographique !

Étant donné le succès du billet où j'avais présenté les parutions du mois, en avril 2009, une place plus importante aux livres s'imposait.

Alors des livres, mais lesquels ? Vous n'y trouverez pas de Gonzague Saint-Bris et autres Bayrou, pour cela, allez dans n'importe quelle librairie ou achetez au hasard dans les boutiques d'occasion... Les ouvrages choisis sont écrits par des chercheurs, il s'agit de classiques et/ou d'ouvrages récent, toujours de qualité.

Un diaporama de quelques ouvrages de qualité vous attend désormais tout en bas de la page.

Bonne lecture !
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19/06/2010

L'appel du 22 juin n'aura pas lieu


Enfin, celui du 18 n'a pas eu lieu. Pour le 22, je ne sais pas encore, mais c'est assez peu probable. Tout n'est pas perdu, "il faut savoir être patient" me répétait-on quand j'étais petite fille.

Résolution n°1: il faut que j'arrête l'humour pourri. Groumph.

Résolution n°2: j'arrête de lire Giraudoux. Oui mais non, ça, je ne peux pas. «Braves devant l'ennemi, lâches devant la guerre, c'est la devise des vrais généraux». Ou «La vie de deux époux qui s'aiment, c'est une perte de sang-froid perpétuel.» Comment voulez-vous vivre sans cela ?

Résolution n°3: Je ne parlerai pas de l'appel du 18 juin. Enfin juste un petit peu. Juste qu'en écoutant (le début de) la journée consacrée par France Inter à cet évènement, je me suis dit qu'il était décidément difficile de célébrer une date importante sans tomber dans la légende. Oublier que le gouvernement anglais mettait ses espoirs dans Mandel, et certainement pas dans De Gaulle. Sauf Churchill, seul contre tous. Enfin, pour faire moins tragique, seul contre son gouvernement. Le retournement de l'opinion française (très relatif retournement mais mais mais...) date d'août 1940, à la suite de la condamnation à mort par contumace dudit De Gaulle, par le gouvernement français d'alors. Envoyer quelqu'un au bûcher, même en effigie, rien de tel pour faire de ce quelqu'un un héros. Ce n'est pas pour des prunes que Machiaval a écrit son petit truc sur l'art de gouverner. Donc s'il avait fallu commémorer quelque chose, ce n'était pas nécessairement le 18 juin ni le 22. Sauf à vouloir lisser le cours de l'histoire, corriger les erreurs, en l'occurence les lenteurs de l'opinion.

Résolution n°4: J'arrête de me ronger les ongles. En fait je ne me ronge pas les ongles, mais ce n'est pas mieux. Parce que ça ne fera pas sonner le téléphone plus vite. Quid de la rentrée prochaine ? Zep ou pas Zep ? TZR or not TZR ? ATER ou pas ATER ? Bref, où vais-je poser mes valises ? Être turbo-prof ou ne pas être, telle est la question (j'avoue, j'avais envie de la faire depuis longtemps, celle-là). Tachycardie mon amie. Si j'osais, je dirais que l'avantage qu'il y a à travailler, rédiger, c'est que pendant ce temps, on ne pense pas. Hahum.
Je sais, je ne suis pas du tout premier choix. Juste du deuxième. Je ne dis pas ça pour me vanter (ça, c'est pour les mal intentionnés) mais c'est la conclusion qui s'impose après des années de candidatures, et de discussions (déprimées) avec des collègues (optimistes, eux). Et puis, franchement il n'y a pas de quoi se vanter. Attendre juillet. En principe, en juillet, je sais.

Attendre. tic tic tic... Je n'aime pas les horloges.





ZEP: zone d'éducation privilégiée. Étiquette caricaturale, parce que depuis trente ans, il y a des tas d'autres jolis noms sortis de cerveaux fonctionnarisés.
TZR: titulaire sur zone de remplacement. Prof dans un collège ou un lycée, ou plutôt bouche-trou de remplaçant dix jours là, un mois ailleurs.
ATER: voir les billets précédents. Non mais hé, je ne vais pas tout expliquer non plus, fallait suivre. D'abord.
Turbo-prof: se dit dans le langage universitaire des enseignants non-résidents (Bouhhh, pas bien!) et donc amenés sur leur lieu d'enseignement par TGV. Ou Corail.

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17/06/2010

À table ! Au Moyen-Âge...




Une idée de vacances intelligentes au château de Langeais, valable aussi avec des enfants (au pire vous empruntez vos neveux et nièces ou les mômes du voisin). Au menu, puisqu'il est question de gastronomie, une découverte de l'alimentation des derniers siècles du Moyen-Âge. Pas celle du Haut Moyen Âge (plus proche de la table romaine avec garum, sans beurre et peu de viande) mais celle qui s'épanouit à partir du XIIIe siècle. La gastronomie et les manières de table médiévales réservent bien des surprises !

Aventure garantie, car cette nouvelle façon de manger a été marquée durablement par les épices et les mets arabes, comme le fameux blanc-manger, préparation à base de blanc de volaille (produit extrêmement valorisé), d'amandes pillées, de mie de pain et d'épices.

On croit cette cuisine grasse, elle est en réalité soulignée de sauces aigres-douces légères... On pense les manières rudes et grossières, elles sont raffinées : on rince les doigts avant les repas dans des bassins au décor délicat. On pense que l'on s'empiffre à la table du seigneur, mais certains plats étaient présentés uniquement pour être admirés ! Non, on ne mangeait pas les faisans parés avec leurs plumes! Kkksss...

L'exposition « A table au Moyen Âge » permet de découvrir les aliments, les secrets de préparation, le déroulement des banquets à travers manuscrits, ustensiles, reconstitutions fidèles de plats et dévoile un art qui flattait autant les papilles que les yeux !

Dans le cadre de cette exposition est proposée une animation destinée aux familles : "Le banquet par Maître Cocquempot"

On s'active, on goûte, on prépare les plats, on dresse la tables, lorsque tout à coup surgit Maître Cocquenpot ! Il sort de cuisine pour vous faire découvrir le déroulement du repas, les aliments consommés et les usages lors d'un banquet. Vous connaîtrez toutes les manières de manger d'un grand seigneur désormais !

Et puisque vous êtes près des Jardins de Villandry, profitez-en pour découvrir cette re-constitution de jardins Renaissance, qui vallent réellement le détour.

"Situé à mi-chemin entre Tours et Azay-le-Rideau, le château de Villandry est surtout connu pour ses jardins Renaissance somptueux, restitués au début du XXe siècle par un passionné : le docteur Joachim Carvallo.

Le château de Villandry, achevé vers 1536, est le dernier des grands Châteaux de la Loire de l'époque de la Renaissance dans le Val de Loire. Il fut construit par le ministre des finances de François 1er, Jean le Breton. Ses propriétaires successifs l'ont largement remanié et les jardins à la française ont même été sacrifiés au XIXe siècle pour créer un parc à l’anglaise autour du château.

En 1906, le Docteur Joachim Carvallo eut un coup de coeur pour le site à l'abandon. En le rachetant il sauva le château qui était sur le point d'être démoli et créa des jardins exceptionnels dans le plus pur esprit de la Renaissance. Ce jardin à la française est composé en quatre parties distinctes.

La première est un jardin potager réalisé sur le modèle des jardins des monastères.

La seconde partie appelée le premier salon du jardin d'ornement mais aussi « les jardins d'amour » est située au dessus du potager. Il constitue la prolongation des salons du château et s'admire du belvédère. Il se divise en quatre carrés parfaits de broderies de buis. Le premier dénommé « l’Amour tendre » est symbolisé par des coeurs séparés par les flammes de l’amour dans les coins. Au centre des masques rappellent qu'ici les mots doux s'échangeaient à couvert. Le second carré est dédié à « l’Amour passionné ». On y retrouve des coeurs brisés par la passion. Les massifs de buis sont enchevêtrés et forment un labyrinthe. Le troisième carré symbolise « l’Amour volage ». Il s'orne de quatre éventails dans les angles au creux desquels s'établissent les cornes de l’amour trompé. Le centre est occupé par des lettres d’amour. Le quatrième et dernier carré symbolise « l’Amour tragique ». Les parterres prennent la forme de lames de poignards et de glaives.

La troisième partie du jardin appelé deuxième salon du jardin d'ornement se situe de l'autre coté du canal. Ce salon de buis taillé évoque la musique de façon stylisée.

La quatrième et dernière partie est composée d'un jardin d'eau. Elle s'articule autour d'une grande pièce d'eau en forme de miroir Louis XV entourée d’un cloître de verdure. La perspective qui habite ce jardin se poursuit dans les forêts alentours. Chaque saison, les fleurs du jardin attirent une foule nombreuse dans ses allées."


Pour bronzer, les jardins de Villandry sont très bien. En d'autres termes, évitez d'y aller par temps trop chaud sans chapeau, le soleil y est écrasant.


Programmation culturelle 2010 Exposition « A table au Moyen Âge » (15 avril-15 août) - Château de Langeais (comme la duchesse)
http://www.chateau-de-langeais.com/htmfr/actualite.php


Public familial.

Juin : dimanche, lundi, mardi.
Vacances d'été : tous les jours sauf le samedi.

Jardins de Villandry

http://testvillandry.ecritel.net/
du 28 mars au 30 juin 2010 : 9h00-19h00
du 1er juillet au 31 août 2010 : 9h00-19h30
du 1er au 30 septembre 2010 : 9h00-19h00
Pour Villandry, une visite virtuelle est disponible ici http://testvillandry.ecritel.net/visite-virtuelle/
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14/06/2010

Champagne !


Après quatre bonnes années de recherches assidues dans les fonds d'archives, j'ai trouvé le graal ! Faites sauter les bouchons !

Non, en vrai, des graals j'en ai trouvé pas loin d'une dizaine, sans compter tous les petits et gros corpus prodigieux. Oui-mais-là-ce-n'est-pas-pareil. Ce matin, j'ai eu entre les mains des textes que je croyais perdus à jamais.

Un érudit à la fin du XIXe siècle avait publié une série d'actes notariés concernant de grands noms du XVIIe siècle. Sans indiquer systématiquement le nom du notaire. Sinon, ce n'est pas drôle. Je savais donc qu'à la fin du XIXe siècle mon graal suprême existait. Vous me direz, "donc, s'il a franchi le XIXe siècle, c'est tout bon!". Erreur. Toutes sortes de choses peuvent arriver à des archives. Des incendies (on a ainsi perdu une grande partie de la législation française ancienne au XVIIIe siècle), des inondations, des rats et des vers (c'est charmant de retrouver la trace de ces petites bêtes dans l'épaisseur d'un volume), l'incurie des hommes... Heureusement, les notaires ont l'obligation désormais de verser leurs actes anciens aux archives nationales ou départementales. Même si ça, c'est le théorie. Il est arrivé il y a moins de vingt ans que des siècles d'archives notariales partent à la benne en papier à recycler (ne me cherchez plus, là, je viens de frôler la crise cardiaque à cette seule idée). Le pire, c'est que c'est vrai. Hahummm.

Bref. Tout cela, c'est sans compter avec les pilleurs d'archives. C'est un type de pillage un peu moins sexy que celui des tombes égyptiennes, mais pas moins redoutable (j'échange une momie qui sent mauvais contre les actes notariés de Louis XIV). On a retrouvé et on retrouve par conséquent sur le marché de petits dossiers, élégamment présentés, contenant des actes notariés divers. De jolies pièces pour amateurs de curiosités anciennes. Le dossier ici photographié renferme le testament d'un maître boulanger au temps d'Henri IV, avec le détail de ses pompes funèbres. Il a été prélevé dans les archives notariales uniquement pour assouvir le goût de certains pour l'exotisme d'une plongée dans le vieux Paris. Objectif extraordinairement utile, n'est-il pas?


Et comme les tombes égyptiennes, ce sont les études notariales où les souverains français ont fait enregistrer leurs actes qui ont été les plus visitées. Là où il faut un à deux cartons par an pour contenir les pièces d'un an d'activité, on se retrouve avec un pauvre carton pour six ou huit ans. La misère. La cerise on the cake, c'est quand des archives ont disparu à la suite d'une publication qui donnait les références des actes. Ce qui s'est produit dans les années 1920-30.

Pour en revenir à mes moutons, je pouvais craindre le pire. Et en fait, non. Mes hypothèses successives ont été plus ou moins bonnes. En gros, je me suis dit que si Me Machin a été le notaire de Mazarin, lequel ayant été très proche, mais alors très proche d'Anne d'Autriche, avec un peu de chance, dans la même étude que je trouverai les actes de ladite Anne. Je n'ai pas trouvé les actes de la reine mais de son rejeton. Si ça, c'est pas un graal, je rends mon crayon à papier ! J'avais renoncé ou presque à l'idée de retrouver le notaire de mon p'tit Loulou. C'était un tort (que l'on écrit avec un t car le tort tue, nom d'un chien!).

Alors ma mission est accomplie. J'attends les ordres du chef - le patron alias le grand manitou - mais je crois qu'il est content, mon colonel ! (Deezer n'a même pas en stock La Vie parisienne, pauvre Offenbach... mais heureusement j'ai trouvé mon bonheur en vidéo!)

Ah, j'oubliais. Si vous retrouvez dans votre grenier des documents de votre grand-maman racontant son quotidien ou autre chose utilisable peut-être par les historiens, par pitié, allez les proposer aux archives départementales du coin... Et ne bradez pas ça à des sinistres marchands !


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12/06/2010

Devenir canard


Ce matin-là, je n'en savais rien. J'étais encore pleine d'illusions, persuadée que faire de la recherche en histoire c'était un vrai bonheur, et le partager, ce bonheur, encore plus. Bon, d'accord, parfois on est un peu fatigué de ne pas avoir de poste fixe, de devoir tous les ans faire cinquante dossiers, et croiser les doigts pour que le téléphone sonne, qu'une université vous appelle. Il peut arriver d'être fatigué de passer un mois entier sur des calculs et de se rendre compte que l'on doit tout recommencer. Il y avait une erreur dans le registre. Fatigué d'une journée de travail, et pourtant aimer ce que l'on fait. Mais fatigué quand même.

On le dit. Visiblement trop.
C'est alors j'ai compris l'intérêt d'être canard. Vous me direz, quel est le lien entre les deux? Le lien, c'est "laisser couler" (sans réagir) comme la pluie coule sur les plumes du canard. Oui mais laisser couler quoi? Des phrases comme celles-ci:

"Alors, ta thèse, tu en es où? Difficile de s'y mettre, hein?"
Alors que l'on y bosse du matin au soir. Soupir.

Ou encore
"Quoi ? Tu n'as pas le temps d'adopter un clavecin ? Moi pendant ma licence, je m'occupais de mon bébé, je faisais partie d'un groupe de rock, ça m'a jamais empêché de vivre! Arrête de te chercher des excuses!"

Variante "Moi, mon frère il a fait sa thèse de physique en trois ans, et il avait même le temps de faire de la varappe".

Et enfin "Ma fille, elle a fait sa thèse en trois ans! Même que son directeur n'était pas d'accord, mais elle est courageuse, alors elle l'a terminé quand même en trois ans"
"Et ? Elle a été habilité***?"
(silence gêné) "Non. Mais c'est parce que son directeur était un imbécile".

Ben voyons.

Cela peut venir d'un père ou beau-père, d'une mère ou d'une belle mère, d'un frère, une soeur, un ami. Cela peut arriver dans tous les métiers. Je me demande si ce n'est pas plus perfide encore quand on fait de la recherche. Une cousine s'est bien vu déclarer par une employée d'une crèche: "Mais Madame, vous n'avez pas besoin d'une place en crèche, vous êtes chercheuse, et tout le monde sait bien que les chercheurs, ça ne fout rien!". Je vous laisse imaginer la tête de la cousine.

Toujours des gens bien intentionnés (n'est-ce pas), qui sont persuadés qu'au fond, si vous vouliez, vous l'auriez déjà terminée cette thèse. Si vous ne la terminez pas, ou si vous mettez un peu de temps, c'est que vous le voulez bien.

Ou encore si vous avouez, honte suprême, ne pas avoir beaucoup de temps libre, préparez votre métamorphose en canard. Foi de thésarde, c'est la seule solution pour ne pas se laisser abattre. Laissez glisser.

Et in petto, ajoutez si vous voulez, "Rigolera bien qui rigolera le dernier".

Inutile de leur expliquer à ces braves gens plein de bonnes intention que comparer des choux et des carottes, c'est con. En d'autres termes, comparer deux thèses dans deux domaines différents, quand on n'y connaît rien, c'est complètement crétin.

Que c'est tout aussi crétin de comparer un thésard qui à mi-temps enseigne et à mi-temps fait sa thèse (en cinq ou six ans) avec un thésard qui est à plein temps dans son labo.

Ce n'est pas qu'ils sont cons, ni crétins. Ils font comme tout le monde. Causer de ce qu'ils ne connaissent pas, pétris de bonnes intentions, sans envisager de pouvoir faire erreur.

Devenez canards, ou apprêtez-vous à le devenir, jeunes Padawans, assez inconscients pour vous jeter dans une thèse de Sciences humaines !

Mais je dis canard comme on pourrait dire stoïcien. En plus, ça fait chic, stoïcien, ça vous rapprochera de Louis XIV. Ni plus ni moins. Ce n'est pas moi, c'est Stanis Pérez qui l'a dit (là, on s'incline. J'adore ce type. Enfin ses articles).
Qu'est-ce que le stoïcisme? Voici la définition donnée par Guy Thuillier (encore un historien):

C'est une sorte de vision que l'on possède à un certain âge, qui est liée à une certaine expérience de la vie, à une certaine usure parfois: elle donne une certaine maîtrise de soi, elle permet de faire face à la souffrance, à l'échec, aux épreuves, à la peur, d'éviter la tyrannie de l'action, de prendre ses distances, elle donne des règles de vie pour le quotidien - ce qui n'est pas négligeable: l'habileté à prendre ses distances, à être indifférent, à résister à un malheur peut être d'un grand secours, le stoïcisme coutumier fournit une armature morale, et dans un métier éprouvant, ingrat, exigeant, il apporte des fondements solides à la vie intérieure en fixant les règles du jeux, en montrant les objectifs possibles - être libre, indifférent (aux passions), indépendant - qui permettent de trouver son chemin et donnent une certaine assurance.

C'est sans doute là l'effet pervers de la réforme des thèses. Trois ans, oui, durée "normale". Mais durée qui n'a de sens que si l'on fait à plein temps sa thèse. Personne n'a envie de se lancer dans une thèse - après s'être assuré un emploi pour manger, soit vers 26 ou 30 ans - et à cet âge, de vivre avec moins que le SMIC, quand on a déjà et enfin commencé à gagner sa vie. Il faut accepter de retourner vivre chez Papa-Maman, parce que l'allocation de recherche ne permet pas de vivre autrement. Mes parents étant loin de Paris, contrairement à mes archives, ça me faisait une belle jambe, de retourner vivre chez eux. À moins de travailler, en acceptant une charge d'enseignement. Donc de faire une thèse à mi-temps, en... six ans donc. Et de s'entendre dire "Mais depuis que je te connais, tu fais cette thèse, et si tu te dépêchais de la terminer?!".

Voilà, c'est dit. Toutes mes plumes de canard n'ont pas poussé, la bêtise humaine s'accroche encore à moi, mais la métamorphose est en cours.


*** entendez par là, habilitée à se présenter à un concours pour devenir enseignant dans le supérieur ou plus précisément maître de conférence.
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10/06/2010

Quelque chose de kafkaïen...

Quand Artémise vous explique que la BnF Richelieu, c'est le parcours du combattant, ce n'est rien qu'une mauvaise langue. D'abord, parce que ce qu'elle décrit, c'était avant, et dans notre société du XXIe siècle, on sait bien que ce qui était avant, c'est tout pourri (ah non? Mais si, ce qui est nouveau est beau, c'est ce que nous clament toutes les publicités de la terre.) D'accord, ce qu'elle dit sur la délivrance des cartes de lecteur, c'est vrai. S'y rajoute le magasinier-surveillant de salle, qui à ses heures perdues, scrute dès votre arrivée, la date d'expiration de votre carte (ou son aspect) et vous renvoie à l'administration parce que votre carte est de l'ancien format et pas du nouveau-qui-vient-de-sortir (tout rouge à l'époque). Et par conséquent Vous-comprenez-Madame (enfin, non, ça elle ne me l'avait pas demandé, cette charmante femme, je crois qu'elle s'en tamponnait le coquillard, que je la comprenne) "il faut une nouvelle carte". Ce qui m'a valu de perdre une heure de travail pour aller chercher à l'administration le nouveau sésame. Et j'ai appris les jours suivants, que le changement n'était pas exigé là, tout de suite, maintenant. Que l'on avait bien quelques semaines pour changer nos petits bidules de plastique. Ce qui fait qu'un mois avant la date de renouvellement annuelle de ma carte, j'ai refait faire une carte, pour satisfaire une magasinière à tendance psycho-rigide (que moi, à côté, je suis coulante comme un vieux camembert).

Mais maintenant, il n'y a plus qu'une seule plaque. Et à part ça, les magasiniers sont très sympathiques. Bon sauf celle-là, celle à la carte rouge, qui ne sait pas seulement répondre quand on lui dit bonjour. Elle ne doit pas savoir que le mot existe. C'est la même qui fait tourner chèvre de nombreux lecteurs, en rendant les fiches auxquelles il manque une date (jamais de la vie, elle ne l'ajoutera, non mais! Elle n'est pas payée pour ça, non plus!), ou quand l'heure de fin de commande est dépassée d'une demie-seconde.

Les présidents de salle sont plus compliqués à amadouer. Il faut montrer que l'on a un sujet fascinant, enfin, qui les intéresse personnellement. En mettant du temps, en campant sur place (ou juste devant la porte des manuscrits), à force de persévérance, on finit par y arriver. Si, si.

Et je vous passe ceux qui ignorent superbement quelle est la profession des lecteurs. "Quoi, MCF, c'est quoi MCF ? Ce n'est pas un métier, ça!" Là, généralement, un collègue du président de salle intervient pour expliquer que "MCF" veut dire "Maître de conférence" soit une des trois ou quatre professions les plus fréquentes chez les lecteurs de Richelieu. No comment.

En vrai, Artémise a raison dans les grandes lignes. Mais il y a pire (il y a toujours pire). Par exemple à la grande BnF (celle de Tolbiac), il y a des ouvrages "en mauvais état" (ah ce qualificatif...) qui ne sont communiqués que sur autorisation spéciale, et tenez-vous bien, pour une seule journée. Même s'il fait plusieurs tomes, votre vieux machin précieux. Et si jamais vous avez l'outre-cuidance de vouloir le consulter le lendemain... "Ah mais ce n'est pas possible, Madame! Il faut redemander une autorisation!" Là, on reste souvent abasourdi. L'autorisation que l'on a mis des jours à obtenir n'est plus valable. Il faut relancer la machine pour juste une seconde journée de consultation. Prolonger la consultation, mettre ce précieux document dans un coffre-fort en attendant le lendemain, non, non et non, pas possible.

Et là, en toute logique, vous bénissez deux choses:
- l'inventeur de l'appareil photo numérique
- celui ou celle qui vous prête, confie le sien. Ou vous-même, si vous vous en êtes offert un, dans cette éventualité précisément.

Cependant, vous pouvez vous heurter au président de salle, qui pousse de longs soupirs avant de vous laisser prendre ce cher ouvrage en photographie. Et si ça l'abîmait, hein ?
Comment, techniquement, vous ne voyez pas comment la chose est possible ? Ah mais peut-être que, si, enfin éventuellement...

Réfrenez l'envie violente que vous avez alors de 1/ lever les yeux au ciel 2/ soupirer de désespoir 3/ éructer de rage 4/ Expliquer que prendre en photo l'ouvrage évitera de nombreuses manipulations.

Restons calme. Ne nous fâchons pas. Pensez aux présidents de salle qui comprennent les avantages de la photographie. Il y en a, heureusement.
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