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Une envie de livres ?

13/11/2010

Le lecteur, voilà l'ennemi!

Je suis revenue récemment de la BnF, celle de Richelieu, particulièrement agacée. Après avoir ri, pour ne pas me fâcher. Comme les marins qui parlaient tout au plus du cousin du lièvre et non du lapin, je préfère ne pas dire que j'étais sur le point d'exploser de rage, pour ne pas me laisser aller à la fureur. Il n'empêche que.

Quand autant de conservateurs se montrent attentifs à faciliter les conditions de travail des lecteurs, il en faut encore pour vous sortir que "surtout, vous faites vite vos photos, hein, déjà que ça ne fait pas de bien aux manuscrits". Quand le cliché est pris sans aucun flash, sans tordre le document, quand la photographie diminue le temps d'exposition à la lumière du jour, qui seule, pourrait, à ma connaissance, abîmer l'archive, j'aimerais bien que quelqu'un m'explique l'origine de cette idée persistante chez certains conservateurs ou archivistes, ça m'arrangerait. Je me coucherai moins bête.

Une fois encore, j'aime bien la BnF Richelieu. Mais mauvaise pioche, autant la salle de consultation actuelle (provisoire) est très bien conçue avec, enfin! des sièges confortables, qui se glissent sous les tables, ce qui permet de reposer le dos pendant les longues heures de lecture, autant la nouvelle politique de communication est exaspérante. 

J'ai commandé il y a quelques semaines un document étudié partiellement l'an passé, pendant plusieurs semaines, vu la taille de la bestiole. Au moment de le faire mettre de côté, le pauvre magasinier me signale que je ne peux le mettre de côté qu'une journée, et uniquement le lendemain. La consultation est bornée à deux jours consécutifs. Au delà il faut redemander une autorisation de consultation. Alors que la présidente de salle tiquait en me voyant prendre (avec son autorisation pourtant) les clichés des vingt pages autorisées. 

J'aimerais bien que l'on m'explique comment l'on va pouvoir continuer à étudier des registres de six cents pages, si l'on ne peut prendre plus d'une vingtaine de photographies pour l'étudier en le manipulant le moins possible, ou si l'on doit tous les deux jours attendre une nouvelle autorisation de consultation? Au passage, quand on est enseignant, nos journées consacrées aux manuscrits sont fractionnées par les journées de cours. Donc cette affaire de "journées consécutives" devient ahurissante, totalement déconnectée de la réalité des conditions de travail des enseignants chercheurs. Comme je n'ai pas l'intention de me confronter à ce problème dans l'immédiat, je ne vais pas prendre le problème de la consultation de ce registre à bras le corps, là, tout de suite, maintenant. Sur le site de Tolbiac, c'est pire encore, pas moyen de "mettre de côté un document" fragile ou précieux dont on a obtenu la consultation. On se retrouve dans l'obligation de consulter des document de quatre ou cinq cents pages en une journée, à moins de disposer d'un appareil photo pour le mitrailler, si le conservateur n'y est pas opposé, pour les mêmes raisons mystérieuses que celles indiquées plus haut. Il y a de quoi s'inquiéter. 

Rajoutons, pour faire bonne mesure, que depuis le transfert dans la nouvelle salle, à Richelieu, il n'y a plus que quatre "levées" par heure, soit quatre créneaux pour obtenir des commandes de documents. 

Il me semble loin le temps où les consultations à Richelieu étaient plus aisées qu'aux Archives nationales... Ces dernières avec leurs grèves récurrentes et leur fermeture obstinée à 16h45 me semblent un havre de paix pour chercheurs...
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