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Une envie de livres ?

11/10/2011

Les Trois mousquetaires - Ninja power !

J'ai failli une double crise cardiaque aujourd'hui. Ce n'est pas exactement le genre de chose qui arrive tous les jours, en général j'ai d'autres problèmes mais pas celui-là.

En fait l'une était prévisible, l'autre nettement moins. Dans les deux cas, ah non en fait dans un seul, celui qui était prévisible, j'avoue, je cherchais à me détendre entre deux pages de cours à rédiger et trois diaporamas à préparer pour rendre mon cours plus... plus... enfin pour faire joli quand je cause dans le micro (ou pas, mode Pierre Chaunu on). D'ailleurs, il faudra songer à placer les écrans des diaporamas sur le côté des amphis et pas derrière l'enseignant. Parce que se tordre le cou pour commenter une gravure, ce n'est pas terrible. Encore heureux quand il ne faut pas se lever en veillant à ne pas faire le pas de trop qui me ferait tâter du sol de l'amphi, quatre marches plus bas, plus vite que prévu. 

Plus joli, ce n'est même pas vrai, vu que l'on s'efforce d'expliquer aux étudiants les usages de l'image en histoire. On est des gens sérieux, quand même. Enfin, on essaie. Je ne doute pas que l'image soit un intermède sympathique pour nombre d'étudiants, mais ce n'est pas une raison. Ma démogagogie n'en est pas encore à faire voter pour ou contre la mort de Louis XVI en direct. Tiens, il nous faudrait ça, des manettes de vote. Ça pourraît être amusant. Je suis sûre que bien tourné, ça pourrait passer pour un projet TICE innovant (TICE: technique de l'information et de la communication pour l'enseignement ou LE truc branché de l'éducation depuis une grosse quinzaine d'années). Le truc qui fait que l'on distribue des portables aux mômes des quartiers défavorisés quand les enseignants doivent faire avec l'ordinateur, l'imprimante et le scanneur achetés avec leur premier salaire. Quand on voit l'état des manuels scolaire au bout de trois mois, je ne voudrais pas être réincarnée en portable pour adolescent, moi.

Bref, je suis tombée sur le dernier billet de L'odieux connard (c'est pas moi, c'est lui qui s'est nommé comme cela) (clic) à propos du dernier film portant à l'écran Les trois mousquetaires. Quand les Américains se mêlent de l'histoire de France et reprennent de manière terriblement originale le seul roman de Dumas qu'ils ont l'air de connaître, ça donne cette daube infâme. 

Il faudra quand même qu'un jour on m'explique pourquoi il faut absolument faire subir ce genre de supplice à un roman qui connaît assez de rebondissements comme cela. À la limite, si les Trois mousquetaires, personne n'en peut plus, ben, on a encore de quoi faire avec le reste de l'oeuvre de Dumas. Ce n'est pas comme s'il n'avait écrit qu'un livre. Quelqu'un peut se dévouer pour expliquer ça aux réalisateurs de bouillies américaines à gros budget? 

Déjà qu'avec les films français nous avons eu droit à La Fille de d'Artagnan avec  Sophie Marceau. Qu'elle montre ses seins en se dépoitraillant d'un geste à l'élégance absolue est à peu près le seul intérêt de ce film. Dans les Demoiselles de Saint-Cyr nous avions eu droit à un supposé projet de Madame de Maintenon de former les demoiselles - de St-Cyr donc - au métier d'avocat. Ben ouais. La vieille dévote a révolutionné l'éducation des jeunes filles, vous ne le saviez pas, Patricia Mazuy vous le révèle. Bam! Les innombrables versions du Bossu de Paul Féval nous livrent à chaque fois une amazone rebelle en lieu et place de la douce Aurore de Caylus (au hasard, la version de Broca de 2009 ah non, 1997)... j'en passe et des meilleures. 
Évidemment, il faudrait citer aussi la reine Margot de Chéreau, où notre bonne princesse Marguerite va courir la gueuse, ah non, le gueux, dans les rues de Paris, pour compenser les insuffisances de son époux. Je veux bien qu'une des maîtresses d'Henri de Navarre (Henri IV) lui a laissé la réputation de ne pas être un grand abatteur de bois (vous voyez cette chanson de Brassens, sussurrée par l'épouse d'un président, oui, celle-là (clic)? ben ça tourne autour de ce sujet). Mais il ne faut pas quand même pas exagérer. Pour certains, la palme du n'importe quoi est détenue par un obscur navet intitulé "Blanche" sorti en 2002, film de Bonvoisin avec Lou Doillon dans le rôle titre. Pour avoir eu un moment d'égarement, enfin être allée le voir en salle, je me suis demandé tout au long du film si c'était du premier ou du second degré. Si c'est l'hypothèse 2, il aurait fallu interner d'urgence le réalisateur. Dire que Jean Rochefort a joué là-dedans... Il devait vraiment avoir faim. Ou envie de rire.


Ma deuxième crise cardiaque de la journée - le cas non prévisible - j'étais simplement en train de travailler quand une âme charitable m'a envoyé un message avec ceci (âmes sensibles, détournez les yeux): 




Trouvé sur un cours en ligne. Non, je ne donnerai pas le nom du responsable. J'aurais bien aimé le contacter pour tousser, mais il n'y avait que le mail du responsable du site (académique) et pas de l'enseignant. Je suis restée atterrée. Parce que oui, les bourgeois ont des privilèges sous l'Ancien régime et TOUS les sujets du roi sous l'Ancien régime ont des privilèges. Puisque cette société ne se concevait pas en terme d'égalité mais de privilèges garantis à chacun selon ses "besoins" c'est-à-dire sa place dans la société, son métier. Un noble ne payait pas la taille car il payait l'impôt du sang (qui n'est pas une légende, nombreuses ont été les familles nobles décimées par la guerre). Un bourgeois - habitant d'une ville avant le XIXe siècle - de Paris ne payait pas la taille pas plus que les autres Parisiens. Les bourgeois des autres villes payaient moins de taille que les ruraux car beaucoup de villes avaient négocié un "abonnement", taux d'imposition moindre. Les habitants d'une paroisse perdue au fin fond du royaume avaient eux-aussi des privilèges. Le roi est à la tête d'une société qui est une justaposition de groupes privilégiés. La seule chose c'est qu'effectivement, le mot "privilège" a changé de sens passé les années 1750 et qu'il a désigné les droits accumulés (et l'enrichissement) d'une frange de la noblesse, très fortunée  (la noblesse de cour pour aller vite) et une partie du clergé également très aisé (les évêques). Ce qui est triste c'est qu'un tel raccourci montre d'abord que le professeur n'a pas compris le système politique de l'Ancien régime (en fait le système politique qui remonte au-delà, jusqu'au Xe siècle au moins). Donc qu'il ne comprend pas plus de 8 siècles de l'histoire politique française. Du coup, le jugement l'emporte, l'Ancien régime se confond avec la tyrannie des puissants sur les faibles. 

Tristesse. Pauvre époque moderne, toujours aussi malmenée... J'en viens à rêver des vieux films de cape et d'épée où l'on voyait nos ancêtres autrement que comme de pauvres guenilleux arriérés.


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