Blogger Template by Blogcrowds.

Une envie de livres ?

18/02/2013

Nettoyage par le vide.

Un mois après la rentrée, soit plus de cinq semaines après avoir soigneusement tout transbahuté d'un bout à l'autre de la France ou pas loin, j'ai fait du tri dans mes cartons. J'ai consciencieusement mis à la poubelle tous les papiers de l'IUFM que j'avais gardé de mon année de stage. Je ne les avais pas conservés par nostalgie mais bien plus par peur de balancer des choses utiles quand je reviendrai dans le secondaire.

Un mois après la rentrée, donc, j'ai tout jeté. Des pages et des pages noircies à la main ou à la photocopieuse et qui ne me servaient à rien face à mes classes. J'ai tout au plus gardé quelques compilations d'âneries notées lors d'une matinée d'ennui dans la salle de la ZEP qui nous servait de zoo, pardon, de lieu d'observation des fauves en action.

J'appréhendais beaucoup cette rentrée. Je craignais des tas de choses, qui bien sûr ne se sont pas réalisées, d'où ce grand ménage.

"Tu sais, toi, tu es une intellectuelle, tu n'es pas faite pour le collège!" c'est ce que l'on m'avait balancé pendant mon année de stage. Intellectuelle, donc pas faite pour le collège. Mes collègues actuels ont bien apprécié.

Mais on est un con. On en tout cas était ma conseillère pédagogique. De cette engeance-là qui vous donne des conseils en pédagogie en manquant cruellement du tact le plus élémentaire. Des conseils en pédagogie du genre "Tu sais (main sur le coeur, profonde inspiration, attention, c'est l'heure des confidences), tu sais, l'idéal, c'est que tu leur apprennes le moins de choses possible". Entendez, que le professeur apprenne le moins de chose possible aux élèves. Ils doivent construire eux-mêmes leur savoir. De la part d'une ancienne élève d'une célèbre historienne qui cause régulièrement sur France Cul, c'est fort. Oui mais voilà, les voies du pédagogisme sont impénétrables.
La même encore qui, voyant que j'avais perdu pied face aux élèves, trois semaines après la rentrée, a pris soin de me dire "Oh maintenant, il n'y a plus rien à faire". Ce qui ne m'a laissé d'autre solution que de sortir seule du merdier que j'avais laissé s'installer. J'en ai gardé l'expérience de l'échec face à une classe, de la peur au ventre avant d'aller en cours et des larmes que l'on ravale face aux élèves que l'on voudrait fuir à tout prix. Je sais comment ça se passe et que cela puisse revenir continue à me faire un peu peur.

Je craignais avant tout de ne pas supporter l'indifférence voire le mépris des collègues --- boarf, une thésarde, une étudiante attardée, quoi --- et les adolescents. Pour la crainte de l'indifférence ou du mépris, voir plus haut. Pour le reste, là encore, pesait un reste délicieux de mon année de stage. Passer de la prépa agrég à des 5e, ça a été rude. Les enfants dans mon entourage étaient très jeunes, pas encore adolescents. La fameuse crise d'adolescence censée frapper tout le monde, je n'ai pas souvenir l'avoir connu. Je me suis renfermée un peu plus sur moi, j'ai réglé mes problèmes et mes fringales d'adolescente à grand renfort de chocolat et de mouchoirs. Chez moi, les enfants obéissaient, malheur à celui qui n'aurait pas filé droit et fait parler de lui au collège. Le problème, contrairement à ce qu'avait dit un maître ès formatage lors de cette chère année de stage, ce n'était pas d'être, nous les enseignants, tous d'anciens bons élèves. Rares sont ceux qui ont été bons dans toutes les matières. Mon problème, c'était mon passé de petite fille trop sage. De bosseuse aussi, celle qui s'en est sorti alors que rien n'était gagné, même pas le droit de faire des études loin de la maison parentale quand on est une fille et que l'on a 18 ans.

Solitude. Au secours.

Le mépris et la peur. La crainte du mépris et la peur que ça ne recommence, puisqu'ils, les élèves, étaient annoncés comme épuisants.

Mais une année de ZEP, ce n'est jamais tout à fait ce que l'on croyait. La seule chose qui était sûre, c'est que j'avais des cartons inutiles à balancer.

Rendez-vous sur Hellocoton !